Histoire

L’histoire de Châtenay

Quelques points d’histoire générale

Nous sommes en plein centre de l’ancien pays des Carnutes, domaine des Gaulois qui allait de la Seine au Loir, et qui devint la « Civitas Carnotum » Intacte jusqu au IVe siècle. Les limites peu changées furent ensuite celles de I’ ancien diocèse de Chartres, puis celles de notre région Beauce.

Châtenay est un village composé d’un bourg et de trois hameaux : Basmeville, Cottainville et le Moulin

L’ origine du nom « Châtenay » viendrait de l’abondance des châtaigniers sur le territoire de la commune ; le logo utilisé actuellement est de ce fait constitué de châtaignes. Le village eût différentes appellations dans le temps : Gastanitus, Costanitus, Castanetum-Villa (1213), Cattiniacum, Castiniacum, Castinetum (1260), Chastenay (1544), Châtenay selon I’ orthographe actuelle à partir des années 1850.

Châtenay s’étend sur une superficie de 1027 hectares. La limite de la commune est constituée sur 5 km par le « vieux chemin », dénomination donnée à la voie romaine Ablis-Allaines ou chemin de César, qui permettait de relier Paris à Blois. Les découvertes faites autour de cet axe ne laissent aucun doute sur le séjour des Romains dans cette zone.

Tout autour de Châtenay, des traces de constructions gallo-romaines ont été trouvées avec nombreux débris de tuiles, de fragments de poterie et de monnaies. Dans les ruines de Cottainville, on a trouvé en 1857, un bronze de Néron et un de Galba. De localisation inconnue, a aussi été trouvé un pied en bronze chaussé d’une sandale de 7 cm de haut.

En 1024. à Châtenay, Fulbert, Évêque de Chartres, et Armand, Abbé de St Père, se réunirent au sujet d’une querelle quant à la possession de l’église d’ Orvilliers St Léonard près de Houdan. C’est la première fois que l’on voit le nom de Châtenay dans les textes. En 1208, un « serf » de Châtenay du nom d’ Hardouin se distingue en obtenant son affranchissement.

A l’image des villages beaucerons, Châtenay abrite au Moyen Age plusieurs petites seigneuries : au centre, se dressait un château fort, détruit vers le milieu du XVIIIè par M. Marcille. Ce château était entouré de fossés à sec et de tours dont la dernière a été démolie il y a quelques dizaines d’années seulement. Il n’en subsiste que des caves.

A Basmeville, subsistent les restes d’un donjon, et Cottainville (famille Baron, seigneur de Châtenay) était constitué d’un château, démoli en 1829. Un des paysans exploitant la ferme de Cottainville participa à la rédaction des cahiers de doléances, avant la révolution.

L’histoire administrative

En l’an 690, notre village fait partie du Pagus Stampinis Etampus ou pays de Dourdan.

En 1213, Châtenay se nommait Castanetum Villa, le terme villa supposant qu’un groupe de colons est venu défricher ce coin.

Châtenay fit ensuite partie du diocèse de Chartres et du doyenné de Rochefort.

Avant la Révolution, Mérouville était le chef-lieu d’une «conférence», composée de 16 paroisses dont la nôtre. Châtenay fit partie du district de Janville à partir de 1790 et fut rattaché au canton d’Auneau en 1801 et au Pays de Beauce en 2001.

L’évolution de la population.

La population se compose de 60 paroissiens au XIIème siècle, 200 « communiants » au XVIIIème siècle, 358 habitants en 1856 (dont 22 à Basmeville, 11 à Cottainville et 4 au Moulin), 147 en 1987. Avec la proximité de la région parisienne, le village voit de nouveau sa population croître, on y dénombre aujourd’hui plus de 240 habitants.

La vie quotidienne à partir du XIXème

Comme bon nombre de villages Beaucerons, Châtenay avait son moulin à vent, situé au lieu-dit actuel du même nom. C’était un moulin pivot sans tourelle avec ailes à toile, 2 paires de meules et un rouet monté avec 4 bras accouplés enserrant l’arbre. Vendu aux enchères le 18 octobre 1964 et acheté par M. Bourgouin, maire de Talcy dans le Loir et Cher, pour les « Amis du Château de Talcy », avec l’aide de M. Rivière, conservateur du musée des arts et traditions populaires.

La culture des terres est alors la principale ressource du village, dort les produits agricoles sont écoulés sur les marchés d’Angerville, Dourdan et Etampes ; toutefois, il existait à Châtenay des tuileries et une fabrique de bonnets. Les femmes et enfants s’occupaient aussi, principalement pendant l’hiver, à tricoter des bas et des chaussons de laine pour les marchands de Pussay.

Les cartes postales du début du XXè siècle permettent de se rendre compte de la vie de cette époque ; Châtenay comportait plusieurs cafés, épiciers, etc…. Il y avait 2 mares dans lesquelles venaient boire vaches, chevaux et moutons. La plus grande existe toujours, la plus petite a été comblée pour édifier en 1919 un monument aux Morts.

Châtenay vécut au début du XXè une anecdote qui eut un écho national, puisqu’elle fut l’objet d’un article dans la presse écrite en 1906 : le curé de Châtenay, un certain Joseph Delarue, avait disparu ! Un vélo et un chapeau maculés de sang, retrouvés firent penser à son assassinat. Deux mois plus tard, la police Belge retrouve le disparu bien vivant à Bruxelles ! Qui plus est, n’était pas seul, mais avec la directrice de l’école libre de Châtenay, enceinte, qui entre temps avait démissionné, et l’avait rejoint… La bourse du couple étant plate, il en coûtera 100 francs à tout journaliste qui souhaiterait une entrevue, et l’histoire ayant fait l’objet d’une chanson, plusieurs directeurs de café-concert inviteront le curé à participer à leur spectacle tandis qu’un éditeur se proposera d’en publier le récit.

Un livre consacré à cette histoire a été publié en 2021 par l’historien Alain Denizet.

Depuis, le village a changé, comme les modes de vie : plus de cafés, plus d’épicerie, juste une boulangerie qui a finalement fermé en 2000. L’usine « Ripoche Industrie », créée en 1996, amène encore de l’activité à Châtenay.

Châtenay a la particularité d’avoir conservé un tracé urbanistique intéressant : une mare centrale où se rejoignent les 3 routes (vers Ardelu-Gommerville, vers Gouillons-Chartres et vers Denonville-Auneau), et organisant le centre du cercle constitué par le Tour de Village.

Avec la croissance récente de la population, la moyenne d’âge redescend, le nombre d’enfants augmentant régulièrement. Il fallu construire successivement deux nouvelles classes, ainsi que de 2 logements HLM.

Le château d’eau du village, construit en 1931 a cessé son activité en 2004,un nouveau à été mis en service au sud de Châtenay, il dessert la dizaine de communes du Syndicat créé à cette occasion.

La maison des soeurs

Ce bâtiment appartenait à la famille Legendre qui habitait la maison carrée (tour visible sur les cartes postales anciennes) et qui présidait les conseils de fabrique (organismes paroissiaux qui existèrent de 1809 à 1905 pour veiller à I’ entretien des églises).

L’Abbé Legendre, vicaire à la cathédrale de Chartres, voulut en faire don à la commune, qui refusa par peur de l’entretien que ce bâtiment nécessiterait. Il en fit alors don à la communauté des Sœurs de St Paul de Chartres qui en devint alors propriétaire.

Elle y créa l’école des Filles en 1863 avec pour but exclusif l’enseignement privé des jeunes filles (le pensionnat recevait jusqu’à 20 enfants) et la visite des malades. La maison fut bénie par l’Évêque, accompagné de 38 prêtres, en 1864 et reçut le nom de Notre Dame de Riard

A partir de cette date, Châtenay eut donc la particularité d’avoir 2 écoles . une publique et une privée. Les filles allaient à l’école des Sœurs et les garçons à I’ école publique.

En 1901 la loi sur la sécularisation obligea la fermeture de l’école. Deux sœurs continuèrent cependant à soigner les malades.

En 1903, une novice sécularisée put rouvrir l’école primaire, bientôt rejointe par une autre.

En 1931, un cours ménager fut ouvert (il y a plus de 400 hab. à Châtenay à ce moment).

En 1940, les Allemands occupèrent le couvent. En 1941, l’école est réouverte sous le nom de Ste Thérèse et recevra des enfants de Paris comme pensionnaires, arrivant et repartant par le train à Angerville. Les pensionnaires furent nombreux jusque dans les années 60.

L’école devint mixte en 1965, et fut fermée en 1994.

En 2001, d’importants travaux de restauration furent entrepris. La chapelle est agrandie et retrouve de beaux vitraux.

En juin 2003, la communauté ouvre la maison d’accueil Saint Paul, pour les jeunes se préparant à leur profession de foi et à leur confirmation. La Communauté entretient à cette époque Châtenay, mais aussi Levesville, lieu de naissance de la Congrégation (1696) et lieu d’accueil des pèlerins venus du monde entier.

La maison comprend 2 parties : côté ouest, l’habitation des Sœurs, côté est, des pièces spacieuses, qui ont servi de classes. A l’étage, l’ancien dortoir des pensionnaires a été transformé en chambres d’accueil. La chapelle a été réalisée par l’abbé Legendre et sa mère pour accueillir la congrégation des Sœurs.

La communauté des sœurs de St Paul a quitté les lieux en 2019 qui ont été acquis par la communauté de communes pour y installer l’accueil périscolaire.

La Mare

Centre actuel du village, a été l’objet d’une mise en valeur paysagère, dans le cadre du montage d’une opération « cœur de village » ; une partie de la place attenante a été conservée pour permettre aux engins agricoles de manœuvrer ; l’autre partie, en bordure de la mare, a été aménagée de façon à pouvoir organiser des manifestations extérieures (brocante, sapin de Noël, etc.)

La Ferme Depelchin

Des travaux de restauration de la ferme doivent pouvoir être datés par l’écusson du portail, grâce à l’inscription du nom du propriétaire de l’époque : Pinturier Pierre 1860.

La ferme possède une cave typique avec colonnes encastrées et voûte, cave peut-être réduite et sortie initiale condamnée, table et cuveau de pierre pour confection du fromage.

La ferme conserve une pierre avec des éléments d’une scène en relief difficile à définir et des lettres en partie effacées. La pierre est encastrée, horizontale dans le mur, au-dessus de la descente de cave de la ferme. S’agit-il d’une piéta, d’une mise au tombeau ? sur un matériau médiocre, marqué plus tard de graffiti où l’on distingue une date: 1747 et trois fois une inscription incomplète : « (I) (ININ)(IN) ».

La Grand’Cour.

Cette bâtisse est le vestige d’une ancienne maison de noblesse ou château.

Elle appartenait dans les années 1660 à une personne nommée Masson de Marcille qui avait une fonction royale.

La charpente et la toiture très pentues (aussi haute que l’église sans son clocher) témoignent d’une origine noble. Dans le jardin, il y avait un colombier, indice de l’appartenance des propriétaires à cette aristocratie, car seules les personnes de haut rang avaient le droit de posséder des pigeons.

A la révolution, la propriété a «été endommagée et en partie détruite.

Cette bâtisse a été transformée en ferme dite « le faubourg »

En 1839, la famille Marcille vend la Grand’Cour à la commune pour la somme de 4000F, permettant la création d’une école de garçons, avec la mairie au premier étage. En 1847 la Mairie-Ecole est vendue sur ordonnance de Louis Philippe, aux enchères à Mme HY.

Un magnifique escalier Louis XIII dessert encore les étages. Dans la cave selon les dires des occupants de lieux, il existe des souterrains qui se dirigeraient vers les 4 points cardinaux. Ils n’ont jamais été explorés car selon les croyances il ne faut pas les ouvrir « sous peine de malheur et de sortilèges ».

Les croix de chemins

Assez peu de villages conservent encore leurs trois croix de Rogations. C’est le cas à Châtenay.

Les processions des Rogations ont été combattues par I’Église pour les « débauches » auxquelles elles donnaient lieu. La tradition voulait en effet que la procession se terminât au pied de la croix par des chants et danses. Ces coutumes auraient déjà disparu au XIXè, mais pas toutes les pratiques relatives aux croix de chemin. La coutume qui consistait à « buiser » les croix existe toujours.

Fait curieux: un acte nous signale que Mme Girard fit don à la commune le 12 juillet 1933 de 6000F et du calvaire – celui situé route d’Ardelu- avec son emplacement non cultivé.

L’église

St Sulpice date principalement du XVIè remaniée au XIXè, probablement construite sur a base d’un édifice antérieur comme la plupart de nos églises rurales beauceronnes.

Le bâtiment se compose d’un clocher-porche, d’une nef flanquée d’un collatéral au sud, d’une chapelle nord et d’une chapelle sud. Son clocher, construit au-dessus d un porche d’entrée comporte un toit en bâtière (à 2 pans) typique de nos clochers ruraux.

Dans le porche d entrée :

crucifix, vierge et St Jean, un bel ensemble de statues en bois polychrome de la fin XVIè début XVIIè.

Bannières de confrérie.

Dans le choeur :

Maitre-autel et grand retable badigeonnées de blanc, recouvrant une ou plusieurs couches de polychromies (St Sulpice certainement pour l’une d’elles).

tableau du retable béni en 1741 représentant la Résurrection du Christ (copie de Cari Van Loo ?) offert par Eugène Vallaugard, chevalier de Châtenay.

stalles rustiques

l’arc triomphal Louis XV, provient d’Ardelu

Dans la nef :

bancs mobiles à dossiers et accoudoirs fin XVIlè

banc d’œuvre XVIIIe, avec peinture représentant probablement St Sulpice.

beau panneau sculpté XVIe représentant l’Adoration des Bergers (morceau d’un ancien retable ?)

Chapelle nord :

retable néo-classique XIXe avec autel et tabernacle

2 statues ont été déposées du fait de leur mauvais état : Vierge à l’Enfant et St Sébastien

Bas-côté sud :

retable XVIIIe avec colonnes cannelées corinthiennes, chutes de fruits et de fleurs, pots à feu

devant d’autel Louis XVI

En 1793, il est décidé qu’il n’y aurait qu’une cloche par paroisse, la deuxième cloche est donc supprimée.

En 1854, un terrain est acheté à M. Chantalou, tuilier à Châtenay pour créer un nouveau cimetière. L’ancien, devenu trop petit, est supprimé en 1857. Il sera encore agrandi en 1956.

Une horloge publique est installée en 1868 pour 450 F.

L’église fut remaniée au XIXè par Vaillant Architecte en 1894, avec notamment une couche d’enduit et une peinture imitant des joints de pierre, recouvrant tout ce qui aurait pu être intéressant (traces de fresques dans le transept nord ?) ; des vitraux offerts par une veuve Legendre, représentant des Saints Patrons de sa famille furent réalisés par les ateliers Hubert de Paris en 1897.

Lors des travaux pour la réalisation des logements HLM, un bel évier en pierre a été découvert ; il est actuellement placé à l’entrée du cimetière.

Une pierre tombale intéressante est actuellement visible dans le mur extérieur sud.

Mairie et Ecole

En 1839, l’école, située dans le fond d’une impasse, est vendue à la commune par la famille Marcille pour la somme de 4000 F, permettant la création dans la grande Cour d’une école de garçons, avec la mairie au 1er étage, qui sera revendue en 1877.

En 1875, la commune achète à la famille Hy Roue une ferme avec ses dépendances pour la construction d’une école, d’une mairie et d’un logement d’instituteur (emplacements actuels).

En 1912, l’école mixte comprend 69 élèves de 5 à 13 ans, dont 14 élèves d’Ardelu. Le Préfet exige une seconde classe à cause de ce sureffectif. Ardelu refusera de participer à la construction Le Conseil Municipal de Châtenay s’opposera à prendre en charge seul cette réalisation et malgré l’insistance du Préfet pendant 2 ans, la seconde classe ne verra pas le jour à cette époque.